Et puis tu as rencontré Guillaume Rox, l’infatigable entraîneur des jeunes de l’AS Eupen. Comment cela s’est-il passé ?
Après l’entraînement de handball, nous sortions de la salle du Stockberger Weg et Guillaume Rox passait toujours par là lorsqu’il avait terminé son entraînement au Kehrweg. Il m’a abordé plusieurs fois et a essayé de me faire aimer le football. L’un de ses arguments était que le football se joue à l’air libre et non dans une salle “étouffante”, comme il le disait. Comme je n’étais pas entièrement satisfait de mon rôle de gardien de handball, je me suis en quelque sorte laissé débaucher et j’ai rejoint l’AS.
As-tu bien géré la transition vers ce nouveau sport et ce nouveau club ?
Oui, je me suis vite adapté à l’AS et j’ai fait mon chemin depuis les cadets jusqu’à la réserve en passant par les Scolaires et les Juniors. Chez les Juniors, nous avons même été une fois champions provinciaux sous la houlette de notre entraîneur Peter Joseph Haag.
Tu as fait ta première apparition avec l’équipe première lors de la saison 1988-89, où l’AS évoluait en promotion. Tu t’en souviens encore ?
Bien sûr, je m’en souviens encore. Nous jouions à Visé et j’étais assis sur le banc des remplaçants quand l’un de nos défenseurs a dû quitter le terrain avec une plaie. J’ai eu l’impression d’être le seul joueur défensif sur le banc, j’ai immédiatement enlevé ma veste et je suis allé au bord du terrain. J’avais ainsi surpris notre entraîneur intérimaire de l’époque, Georges Pirnay, et l’avais mis devant le fait accompli. Mais il a laissé faire, et c’est ainsi que pour ainsi dire j’ai décidé d’entrer en jeu moi-même.
Quelles étaient tes forces et tes faiblesses en tant que joueur ?
Pour commencer par les points faibles : Je n’avais pas une très bonne technique. En revanche, j’étais très rapide, fort dans les duels et j’avais un bon positionnement. J’en ai profité pour laisser régulièrement mes adversaires se mettre hors-jeu, le libéro avait en effet ces possibilités, en tant que dernier homme devant le gardien. Je n’ai pratiquement jamais été blessé au cours de ma carrière. Les chaussures de football hautes, mes ‘Adidas Liverpool’ et ‘Adidas Rotterdam’, que j’étais pratiquement le seul à porter et sur lesquelles on me parle encore aujourd’hui, y ont certainement contribué.
De 1988 à 1994, l’AS a joué en promotion et ce n’est qu’en 1995 qu’elle a pu remonter en D3. Comment juges-tu cette période du point de vue sportif et quel rôle as-tu joué ?
Sur le plan sportif, ce n’était certainement pas une période très prospère dans l’histoire du club. Nous avons joué en promotion et la plupart du temps dans les derniers rangs du classement, avant de réussir enfin à remonter en D3 lors de la saison 94-95. C’était une époque où de nombreux joueurs d’Eupen, formés dans notre propre département des jeunes, jouaient encore. Mais ils étaient de moins en moins nombreux et de nouveaux joueurs transférés, dont de nouveaux libéros, venaient régulièrement s’ajouter. J’avais donc déjà l’impression de ne pas avoir de lobby. Ce qui est significatif, c’est qu’au début de la saison, je n’apparaissais pratiquement sur aucune photo d’équipe, mais qu’ensuite j’ai pu attirer l’attention sur moi grâce à mes performances dans la réserve, et qu’au cours de la saison, j’ai été de plus en plus souvent utilisé dans l’équipe première. Jusqu’à la fin de ma carrière en 1997, j’ai tout de même fait 140 apparitions dans notre première équipe. Aujourd’hui encore, je suis fier d’avoir joué pour ma ville et mon club.
C’est à cette époque qu’a eu lieu la première grande transformation du stade avec la planification et la construction de la nouvelle tribune principale, l’actuelle T1, y compris le Business Club. Quelle était l’importance de cette étape pour l’AS ?
Elle était absolument nécessaire si l’on pense aux conditions aventureuses dans lesquelles nous devions prendre nos douches et nous changer sous l’ancienne tribune principale, là où se trouve aujourd’hui la T3, entre des piliers de soutien et des fours à gaz. C’était interdit par Dieu. La nouvelle tribune principale, que l’on peut considérer comme l’œuvre de la vie de notre président de l’époque Dieter Steffens, était à mes yeux la seule décision possible, mais aussi, dans sa conséquence, un pas très courageux et clairvoyant vers l’avenir de l’AS Eupen, qui fêtait à mon époque en 1995 son 50e anniversaire.
Maintenant, il y a un autre anniversaire à fêter, le KAS Eupen a 80 ans. Comment vois-tu le club aujourd’hui ?
Plutôt de manière positive. Après une période très agitée, la reprise par Aspire a apporté continuité et professionnalisme au club et a permis à la KAS Eupen de devenir une entreprise importante dans la région. Les nouveaux propriétaires ont rénové l’ensemble du complexe du stade, ce que la ville n’aurait jamais pu faire en tant que propriétaire. Si je regarde contre quels clubs j’ai joué il y a 35 ans, je constate que beaucoup de ces clubs n’existent plus entre-temps ou qu’ils ont été obligés de descendre dans les Provinccales. Malheureusement, nous sommes descendus l’année dernière, mais nous nous sommes établis comme un petit club au sein du cercle des clubs professionnels belges. Nous sommes toujours là et nous n’avons pas de dettes. Je ne veux pas qu’on me dise du mal de cela parce que certaines personnes n’aiment pas le nouveau propriétaire.
Que souhaites-tu à ta KAS Eupen pour son 80e anniversaire ?
Tout d’abord, je félicite chaleureusement mon club pour son anniversaire et je souhaite que les responsables du club prennent les bonnes décisions, pour l’AS et pour notre région. En outre, je souhaite à l’AS de remonter en D1, car la D2 est plutôt peu attractive ici en Belgique, contrairement à l’Allemagne.